Au Moyen Âge puis à la Renaissance, des récits religieux, légendaires ou politiques associent la Bretagne à des références culturelles celtiques, issues d'Outre-Manche ou du passé gaulois redécouvert.
Des histoires héroïques ou mythologiques christianisées, notamment irlandaises, sont ainsi transmises dès le haut Moyen Âge par le clergé d'origine galloise.
Puis, entre le 9ème et le 12ème siècle, d'autres récits adaptent de façon romanesque des éléments celtes au sein de la "matière de Bretagne" et du cycle arthurien. Les auteurs, proches des rois anglo-normands, placent l'essentiel de l'histoire du roi Arthur dans l'île de Bretagne. Elle a aussi une place importante en France. La Bretagne continentale, zone bilingue breton-français, a pu transmettre ces récits à la Normandie, ainsi qu'au reste de la France et à l'Europe.
Les prophéties de Merlin
Les Prophéties de Merlin sont une compilation de récits attribués au devin Merlin. Ils seraient issus de la tradition orale bretonne, et ont été mis pour la première fois à l'écrit en latin par Geoffroy de Monmouth, évêque et historien gallois. Il est l'auteur de l'Histoire des rois de Bretagne, qui sera la source principale de la légende arthurienne.
L’audience de ces textes va bien au-delà des milieux de cour et circule dans toute l'Europe.
À la même période, de premiers récits historiques donnent à la Bretagne des origines mythologiques. Longtemps rattachées à un passé gréco-romain, ces origines deviennent gauloises à partir de la Renaissance, légitimant l'ancienneté du pouvoir ducal en place.
Un patrimoine écrit
« Le roi Arthur s'adresse à ses chevaliers »
La légende arthurienne a pour source la matière de Bretagne, somme de récits qui mettent en scène les Celtes originaires des îles Britanniques - les Bretons-, et leur chef Arthur. Les thèmes et les personnages du cycle arthurien se réfèrent à des figures de la société bretonne (chefs, bardes comme Merlin) ou à des figures mythologiques païennes (fées, comme la Dame du Lac).
L'historien Bertrand d'Argentré identifie le breton au gaulois, revendiquant pour son pays une ancestralité privilégiée vis-à-vis du royaume de France : la langue devient un argument majeur dans l'établissement des origines. Signe des enjeux politiques de l'époque, cette construction se base de manière inédite sur une conception ethnique et linguistique de la Bretagne.